Par Déborah Berthier, pour le journal des entreprises le 23 juillet 2020

La société Eranova, basée au Bourget-du-Lac et qui s’apprête à boucler un tour de table de 6 millions d’euros, lancera début 2021 une usine pré-industrielle de plastiques souples, fabriqués à partir d’algues d’échouage. À l’horizon 2022, elle prévoit de produire 10 000 tonnes par an, avant un déploiement à l’international prévu l’année suivante.

Les créateurs

Produire à l’échelle industrielle des plastiques à partir d’algues d’échouage. C’est l’ambition d’Eranova, né en 2016 au Bourget-du-Lac (73), de la rencontre de deux professionnels du packaging et de la plasturgie. Le premier, Philippe Lavoisier, a longtemps travaillé à l’implantation d’usines de grosses capacités de film d’emballage en polypropylène Bopp (utilisé notamment par les fleuristes ou pour les salades pré-emballées). Le second, Philippe Michon, s’est spécialisé dans la biodégradation des plastiques. Avec sa société Alternative Plastics, il a notamment lancé un sac anti-gaspi permettant de conserver plus longtemps les fruits et légumes frais. Tous deux partagent une ambition : mettre au point une technologie permettant d’effectuer une transition vers des emballages et films décarbonés à base de ressources végétales, ne rentrant pas en concurrence avec la filière alimentaire.

Le concept

Pour fabriquer ces bioplastiques, ils ont eu l’idée d’utiliser des algues d’échouage. Lorsqu’elles apparaissent sur les plages, les municipalités doivent les éliminer rapidement. Ne sachant comment les valoriser, bien souvent, elles les envoient à la déchetterie. Pour Eranova, elles constituent de l’or vert. La société les récupère, les place dans un bassin et modifie leur métabolisme, grâce à un procédé breveté, pour les enrichir en amidon. À partir des fibres des algues et de cet amidon nouvellement créé, la start-up fabrique une série de matières flexibles, translucides et inodores. Des plastiques recyclables, compostables, biodégradables. Après avoir été labellisé Programme d’investissement d’avenir par l’Ademe en 2017, Eranova a installé un premier site test à Palavas-les-Flots, dans des installations louées à l’Ifremer pour réaliser les premiers essais en conditions réelles, effectuer des études de rendement, optimiser le process…

Les perspectives

Une usine préindustrielle est désormais en projet. Elle devrait voir le jour à Port-Saint-Louis-du-Rhône (13) début 2021. « Avec la crise du Covid, nous avons pris un peu de retard sur le bouclage de notre deuxième tour de table », explique Philippe Michon, qui ambitionnait de lancer le projet pilote plus tôt. Cette levée de fonds « réalisée exclusivement auprès d’industriels » doit permettre de récolter six millions d’euros. Des contrats de développement de produits sont déjà sur les rails. À l’horizon 2022, la société table ainsi sur une production de 10 000 tonnes, un chiffre d’affaires de 35 millions d’euros et un Ebidta de 31 %. Et ce, avant une montée en puissance à partir de 2023, avec un développement à l’international afin d’atteindre la rentabilité. « Nous sommes déjà en contact avec différents pays, notamment l’Arabie Saoudite et le Maroc », précise le cofondateur.

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