Les personnes résidant le plus près de la zone industrialo-portuaire de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) souffrent de davantage de problèmes de santé – pathologies chroniques, cancers, asthme – que celles qui vivent dans les communes plus éloignées, entend démontrer l’étude Fos EPSEAL.

EPSEAL, pour « étude participative en santé environnement ancrée localement », dirigée par la sociologue Barbara Allen et financée par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES), a pour objectif de renseigner l’état de santé d’une population en lien avec son environnement (via une étude de prévalence), en impliquant profondément les acteurs du territoire dans la recherche. Sa méthodologie repose sur un questionnaire en santé déclarée, et des ateliers collaboratifs pour interpréter les données.

Le premier volet de l’étude, se concentrait sur les communes de Fos-sur-Mer et de Port-Saint-Louis entre 2015 et 2017. Les habitants ayant fait part de leur souhait de comparer leurs résultats à ceux d’une autre ville, le volet 2 de l’étude Fos EPSEAL porte sur Saint-Martin-de-Crau, localisée à 30 km de la zone industrielle de l’étang de Berre. L’étude se base sur 1 254 questionnaires sur les trois communes.

Stress, émissions du trafic routier, et pollution industrielle en cause 

« Il existe une gradation statistiquement significative en termes de prévalence de pathologies chroniques entre les villes de Fos-sur-Mer, Port-Saint-Louis et Saint-Martin-de-Crau. Cette gradation serait liée à la distance de la zone industrielle », écrivent les chercheurs.

Ainsi, plus de 63 % des habitants du front industriel (Fos-sur-Mer et Port-Saint-Louis) déclarent qu’un médecin leur a diagnostiqué au moins une maladie chronique, contre près de 56 % des résidents de Saint-Martin-de-Crau. Plus de 40 % des premiers citent une maladie respiratoire et 42 % un rhume des foins, contre 31 % et 38 %, respectivement. À titre indicatif, la prévalence des maladies chroniques en France est de 36,6 % mais son calcul ne repose pas sur la même méthodologie que Fos EPSEAL.

Les habitants de la zone industrielle déclarent davantage de symptômes chroniques (maux de tête, problèmes nez/gorge, irritations des yeux, problèmes cutanés) que ceux qui vivent à 30 km.

Parmi les facteurs cités dans l’étude : le stress, les émissions du trafic routier, et la pollution industrielle.

En revanche, 12,4 % des habitants de Saint-Martin-de-Crau déclarent avoir eu au moins un cancer contre 10,8 % de ceux qui vivent près de l’étang de Berre, mais la différence est statistiquement non significative. Ces taux de cancers seraient en lien avec les expositions professionnelles dans le secteur industriel, les pesticides, dans le secteur agricole de Saint-Martin, ou l’exposition à l’insecticide DDT lors des campagnes de démoustication passées. Par ailleurs, le risque cumulé des cancers est plus élevé à Port-Saint-Louis (29 %) que dans les deux autres villes, ce qui pourrait s’expliquer par le long passif industriel de cette commune. « Les habitants des villes souhaitent pouvoir participer à la gouvernance du registre des cancers à l’échelle du département et à la mise en œuvre d’un registre de pathologies à l’échelle locale », précisent les chercheurs.

Pour rappel, les premiers résultats de Fos EPSEAL ayant fait grand bruit, l’Agence régionale de santé avait sollicité une contre-enquête auprès de Santé publique France qui avait conclu à un état de santé fragilisé des habitants, dans une zone polluée. « Les associations décrites entre pollution perçue et certains symptômes sont valides en ce sens qu’elles témoignent du ressenti des personnes ayant participé à l’étude. Mais l’étude ne permet pas d’apporter la preuve de l’existence d’un excès local de pathologies en lien avec une exposition à un excès de pollution », avaient conclu les experts.

Source : Lequotidiendumedecin.fr / photo AFP

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