Le 21 septembre se déroulait une réunion publique menée par l'Institut Ecocitoyen pour la Connaissance des Pollutions (IECP) concernant la présence d'hydrocarbure à Port Saint Louis du Rhône.

CONTEXTE ET OBJECTIFS
Les Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques (HAPs), sous-famille des hydrocarbures, sont des polluants organiques persistants qui regroupent plus d’une centaine de composés. Bien que présents naturellement dans l’environnement, ils sont principalement émis par les activités anthropiques (industrielles, portuaires, routières, domestiques).

Certains représentent un danger sanitaire : ainsi 16 HAPs couramment analysés sont classés comme polluants prioritaires par l’Agence américaine de Protection de l’Environnement (USEPA), dont le benzo(a)pyrène (BaP) reconnu comme cancérigène
avéré et le dibenzo(a,h,)anthracène (DBA) comme cancérigène probable. 
 
Les principales voies d’exposition pour l’homme sont l’ingestion et l’inhalation.
Dans le cadre de recherches participatives impliquant les jardiniers de Port-Saint-Louis-du-Rhône, l’Institut Ecocitoyen (IECP) a mis en évidence une contamination aux HAPs sur la ville, située au sud-ouest de la ZIP de Fos-sur-Mer1.
 
Ces travaux ont notamment porté sur les sols des zones maraîchères2 présentant une pollution diffuse en HAPs en surface consécutive à des apports atmosphériques issus principalement de sources pyrolytiques3.

Suite à ce constat, le projet intitulé « HAPs à Port-Saint-Louis-du-Rhône : suivi intégré et sources » (HAPSIS) a été réalisé en 2019 et 2020 en partenariat avec AtmoSud et le Laboratoire Chimie Environnement (LCE) de l’Université Aix-Marseille. 
Il avait pour objectif de caractériser et cartographier l’exposition aux HAPs atmosphériques sur la ville et d’identifier les conditions (environnementales, météorologiques) et les origines (locales, régionales) de ces apports.

Ce projet a été soutenu par la Métropole Aix-Marseille-Provence, la ville de Port-Saint-Louis-du-Rhône et la DREAL-PACA à travers le Plan Régional Santé-Environnement.
CAMPAGNE D’ECHANTILLONNAGE
Afin de cartographier l’exposition et déterminer les origines des HAPs retrouvés à
Port-Saint-Louis-du-Rhône, deux campagnes d’échantillonnages ont été réalisées au sein de 10 stations choisies préalablement et localisées dans la carte ci-dessous. Elles ont eu lieu en hiver et en été, et étaient composées de prélèvements de retombées atmosphériques, de lichens et de sols.
Ainsi, 10 prélèvements de sols ont été effectués sur différents points répartis sur la commune, accompagnés de 7 prélèvements de lichens Xanthoria parietina prélevés au cours de 2 campagnes de mesure (hiver et été), et du recueil de particules sédimentables à l’aide de 3 jauges Owen au cours de ces campagnes de prélèvements
hivernales et estivales.
RESULTATS
Les résultats mettent en évidence le contexte particulier de la ville de Port-Saint-Louis-du-Rhône avec une exposition marquée aux HAPs atmosphériques. Cette contamination diffuse serait en partie liée aux émissions industrielles en provenance des zones industrielles de Fos-sur-Mer et Lavéra. S’ajoutent à cela les fortes variations saisonnières observées dans le dosage des HAPs (Figures 1 et 2) sur les différentes matrices environnementales prélevées (PM10, particules sédimentables et lichens) témoignant de l’influence de sources d’émissions locales telles que celles induites par le chauffage au bois.
Par ailleurs, la cartographie des sols (Figure 3) a montré que tous les échantillons prélevés sur la zone urbaine présentaient une contamination diffuse relativement élevée en HAPs et a permis d’isoler les zones les plus contaminées. Il s’agit du Canal Saint-Louis, comportant de nombreuses friches industrielles, de la Presqu’île du Mazet et du centre-ville, notamment autour du stade et du Faubourg Hardon. 
Un gradient de concentration depuis ces friches est ainsi observé sur les échantillons de lichens et de sols. Il témoignerait de la remise en suspension des HAPs par l’envol des poussières de sols contaminés des friches industrielles situées en bordure du Canal Saint-Louis.
Le large champ d’application obtenu grâce aux différents types de prélèvements réalisés lors de cette étude et leur complémentarité, ont permis de mieux comprendre l’exposition aux HAPs atmosphériques de la ville de Port-Saint-Louis-du-Rhône. Ainsi, une contamination diffuse aux HAPs dans les différentes matrices environnementales prélevées a été mise en évidence. Un niveau moyen relativement élevé dans les sols et les
lichens a été mesuré sur l’ensemble du territoire communal, notamment dans le centre-ville.
 
 Les émissions des activités industrielles recensées dans la ZIP de Fos-sur-Mer située à proximité ont impacté les niveaux de HAPs mesurés sur le territoire dont les mesures sont semblables à celles retrouvées lors d’autres études réalisées dans le Golfe de Fos.
De fortes variations saisonnières sont également observables sur l’ensemble des résultats avec des mesures plus élevées en période hivernale. Cela semble être la conséquence de l’influence des émissions domestiques sur les émissions de HAPs, notamment en centre-ville et des changements de propriétés de l’atmosphère.

Associées à la cartographie de la contamination des sols en HAPs, ces données ont permis de consolider les données sanitaires et environnementales de la ville et d’identifier les zones les plus exposées. Le gradient de concentrations des HAPs dans les sols, visible à partir des friches industrielles, et associé aux mesures de bioaccumulations lichéniques permettent de supposer qu’il y aurait une remise en suspension des HAPs contenus dans les poussières de sols. La revégétalisation de ces friches industrielles, présentant souvent des sols nus, pourrait limiter cet envol de poussières et donc l’influence des friches industrielles sur l’exposition aux HAPs atmosphériques de la ville.

Communiqué de l'association Au fil du Rhône :

Etude HAPSIS (1) :
Menée par l’Institut Ecocitoyen à Port Saint Louis du Rhône, dans le cadre du PRSE(2) pour alimenter la base de données OSCARS (Observation et Suivi Cartographique des Actions Régionale de Santé)(3), elle avait pour objectif de relever la présence de Hap (Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques) dans les sols ; présence suggérée par de précédentes études, notamment une analyse des particules atmosphériques ultrafines, montrant une concentration de ces polluants.

 Les résultats confirment, sans réelle surprise, une contamination aux Hap. L’étude « Aigrette » conduite sur le territoire du San Ouest Provence, devenu partie de la métropole, avait déjà signalé des teneurs en HAP(4). Bien que les deux études soient différentes, il aurait été intéressant d’en rapprocher les données. 

HAPSIS renseigne également sur les sources et les conditions d’exposition. L’activité industrialo, les transports, la remise en suspension de poussières polluées lors de travaux, le chauffage et les brûlages agricoles en sont les principales. Sans en remettre en cause son sérieux, l’étude, perturbée par la crise sanitaire, n’apporte pas toutes les infos que l’on aurait pu en attendre. Elle ne permet pas de hiérarchiser les multiples sources identifiées, et n’envisage pas le laitier (scories de haut fourneaux) largement utilisé pour stabiliser les terrains sur le domaine communal et la plateforme Distriport, alors que le BRGM le désignait comme source probable.

 Les anciens marais du Caban, au nord de la ville et la zone située à l’est n’ont pas été investigués or, le GPMM y projette d’importants aménagements. Indéniablement, ces nouvelles données complètent une connaissance de notre territoire encore très parcellaire, mais la succession des recherches semble paradoxalement ne faire que repousser la prise de décisions qu’imposeraient les enjeux sanitaires.

2- Plan Régional Santé Environnement
4- Aigrette, synthèse des résultats et plan d’actions à l’échelle du territoire du SAN Ouest Provence, BRGM juin 2009, p.20

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